En Pologne, les nationaux-conservateurs surfent sur une conjoncture économique favorable

L’argument a été rodé, avant même le début de la campagne qui fait rage pour les élections législatives prévues dimanche 15 octobre, lors d’un pique-nique médiatisé, le 8 juillet, dans la commune de Pultusk, non loin de Varsovie. « Aujourd’hui, notre produit intérieur brut [PIB] par habitant équivaut à 80 % de la moyenne de l’Union européenne (…) Et tout ça parce que les prestations sociales sont très étendues en Pologne », s’était exclamé Jaroslaw Kaczynski, chef du parti national-conservateur Droit et justice (PiS), au pouvoir depuis 2015. « Pensions-nous, il y a une douzaine d’années, que nous nous rapprocherions si rapidement des pays d’Europe occidentale en termes de revenu par habitant ? », avait-il poursuivi, le 30 juillet, lors d’un nouveau pique-nique qui avait lieu, cette fois, dans le village de Polajewo, dans l’Ouest.

Les données sont réelles, et tangibles pour les Polonais : le pays ne cesse de rattraper ses voisins. Au moment de rejoindre l’Union européenne (UE), en 2004, la Pologne faisait partie des Etats membres les moins riches. Son PIB par habitant à parité de pouvoir d’achat était deux fois inférieur à la moyenne communautaire. Seules, parmi les dix pays entrant au même moment, la Lituanie et la Lettonie fermaient le banc. Aujourd’hui, le pays a dépassé le niveau de vie de la Grèce, du Portugal, de la Slovaquie, de la Hongrie et talonne désormais l’Espagne.

La Pologne est sur la fin de ses « vingt glorieuses », depuis l’entrée dans l’UE, et c’est aux nationaux-conservateurs du PiS, au pouvoir depuis 2015, d’en récolter les fruits puisque le PIB a augmenté de 32 % entre 2015 et 2023 et que le chômage a été divisé par deux pour atteindre désormais 5 %. « La Pologne a commencé par rattraper l’Europe de l’Ouest depuis son passage à l’économie de marché. En 1990, notre PIB par habitant équivalait à 30 % de celui de l’Allemagne ; à l’heure actuelle, on s’approche des 70 %, mais cela s’est fait en trente ans et non pas en huit », souligne l’économiste Witold Orlowski, enseignant à l’Université de la Vistule à Varsovie.

Le rôle important des fonds européens

« Les autres pays centre-européens ont connu le même phénomène et on serait de toute façon arrivé au même résultat, plus ou moins rapidement, avec un autre gouvernement et d’autres politiques », relativise de son côté Hanna Cichy, économiste principale à Polityka Insight, un centre d’analyse situé à Varsovie. Les fonds européens ont joué un rôle. Selon la banque ING, les fonds de cohésion pour 2024 représenteront 2 % du PIB polonais. « Ils ont été très importants pour réaliser des infrastructures sans lesquelles les investissements n’auraient sans doute pas lieu », affirme Witold Orlowski. Une donnée passée sous silence par le PiS.

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